Avez-vous lu procès de Kafka ? Un homme, à priori innocent, est convoqué pour une affaire mineure. Il ne sait pas pourquoi. Il s'inquiète, se demande ce qui se passe... Le temps passe, on lui dit que son affaire avance, mais il n'arrive pas à savoir pourquoi il est confronté à la justice... Le temps passe, son affaire s'aggrave. A la fin, il est condamné à mort. C'est une parabole sur chacun d'entre nous : condamnés à mort, sans trop savoir pourquoi.

En ce moment, à la télé, vous pouvez voir le déchaînement de la justice contre ceux qu'elle est censé protéger. Les faits sont hallucinants, les témoignages poignants, les incohérences flagrantes... Cela passe tous les jours à la télé, mais ce n'est pas un feuilleton, c'est de la télé réalité, de la vrai télé-réalité... Depuis quelques jours, la chaîne parlementaire transmet en direct (décalé d'1/4 d'heure) les témoignages des protagonistes de l'affaire d'Outreau devant la commission d'enquête sur les dysfonctionnement de ce fiasco judiciaire. Le procès du procès, en quelque sorte.

Aucun des accusés aujourd'hui n'a pu reprendre une vie normale, leur vie est brisée. Certains, ont perdu leurs compagnes ou compagnons. La plupart n'ont toujours pas pu récupérer leurs enfants. Quoi qu'il s'en défende de façon on ne peu plus choquante, le juge Fabrice Burgaud a fait preuve de fautes professionnelles flagrantes. Tout le monde fait des fautes, mais quand elles sont si lourdes de conséquences, quand ces fautes sont quasiment volontaires, la responsabilité personnelle de ceux qui les font doit être engagée. Un médecin qui commet une faute qui entraîne la mort de son patient peut être traîné en justice. Serait-il aberrant qu'un juge qui détruit directement la vie de 13 personnes et indirectement, la vie de centaines d'autres (époux, enfants, parents...) ne soit pas, lui aussi, jugé pour ses erreurs ? Mais si la responsabilité du juge doit être engagée, il ne faut pas oublier toutes les personnes, qui se disaient expertes, et qui, par leur expertises qui frisaient l'amateurisme (voire parfois le charlatanisme), ont eux aussi leur part de responsabilité dans ce fiasco. Espérons tout au moins que ces personnes ont suffisamment dignité pour avoir du mal a dormir aujourd'hui. Ce n'est malheureusement pas le cas du juge Burgaud qui juge aujourd'hui qu'il serait trop simple de faire des excuses... Trop simple, peut-être, mais ce serait déja un premier pas...

Espérons que la commission d'enquête permettra de faire toute la lumière sur cette affaire afin que plus jamais une affaire pareille ne puisse se reproduire.