Prise d'otage politique
Par Tizel le mardi 18 avril 2006, 20:59 - 3311 lectures
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Les politiques ont-ils droit de faire gréve ?
J'ai toujours admiré l'engagement de nos politiciens. Certes, certains s'en mettent plein les poches et surfent sur les opportunités que leur carrière leur offre, mais beaucoup s'engagent en politiques pour défendre leur convictions et essayer de faire bouger les choses. Un député (Jean Lassale) qui est prêt à mettre sa vie en danger pour défendre la cause qu'il défend mérite le respect. Encore faudrait-il que la cause en vaille la peine et défende l'intérêt général du pays et non des intérêts particuliers.
Est-il bien raisonnable pour un politique de mener une grève de la faim pour lutter contre une délocalisation ? Cette délocalisation est-elle si intolérable quand on sait que les emplois concernés ne sont pas déplacés à l'autre bout du monde, mais à 60km de leur localisation initiale, dans le même pays ? N'est ce pas une faillite du politique, un aveux d'impuissance (voire d'incompétence) que de faire une grève de la faim pour une cause qui semble si minime au regard du nombre d'emplois délocalisés à l'autre bout du monde ? Pour les quelques emplois "non déplacés" ici, combien d'investisseurs étrangers vont préférer investir et créer des emplois ailleurs ? Combien d'industriels, devant un tel exemple, vont préférer délocaliser "pendant qu'il est encore tant" ? Peut-on réellement mesurer l'impact d'une telle action médiatique et sensibilisatrice que celle-ci sur l'emploi en France ?
Voilà bien des questions. Les japonais ont raison de protester contre une telle prise d'otage "médiatico-politique" qui viens s'opposer à leur liberté d'entreprendre alors que leur seule volonté était d'investir en France pour développer leur entreprise. La France ne se fait-elle pas Hara-Kiri dans cette affaire ?
Commentaires
1. Je comprends ton point de vue.
2. J’adhère davantage au choix de Jean Lassale.
N’oublie pas qu’avec l'exode rural, la Vallée d'Aspe est passée de 12.000 habitants en 1910 à 2.800 en 2006. La vallée va être désertée !
- L’extension risque fort d’engendrer ultérieurement un regroupement de l’usine japonaise à Lacq.
- Jean Lassale défend les familles des 150 salariés d’Accous mais également les entreprises qui vivent grâce aux revenus de ces familles.
- Tu dis : « une cause qui semble si minime au regard du nombre d'emplois délocalisés à l'autre bout du monde »
Même si peu d’emplois sont concernés (150 + ceux des entreprises qui vivent grâce à leurs revenus ), le principe est important. Les petits ruisseaux font les grandes rivières !
- Tu t'interroges : "Pour les quelques emplois non déplacés ici, combien d'investisseurs étrangers vont préférer investir et créer des emplois ailleurs ? Combien d'industriels, devant un tel exemple, vont préférer délocaliser pendant qu'il est encore temps ?"
Ceux qui préfèrent investir ailleurs le font sur d’autres critères : main d’œuvre moins chère, taxes et charges moins importantes ... Cet événement n’influera pas sur leur décision !
Moi je trouve que c faire preuve de nombrilisme ke l'emploi ce situe à 10 ou à 60 km ça ne change pas grands choses, que peu penser un américain ou un Japonnais en lisant ça dans son journal?
Nombrilisme ? Tu y vas fort mon ami !
Irréductibles Gaulois sûrement !
Que veux-tu, Obélix ne s’est jamais soucié des galéjades romaines à propos des Gaulois ! lol
Personnelemnt j'ai un peu honte de son comportement, ça démontre le manque d'idée, et l'echec des grands principes Républicains. Aprés les agriculteurs qui font fi de se suicider lorsqu'on menace d'abatage leurs troupeaux, le politique qui fait un grêve de la faim pour l'assurer une place a vie...
@ Evret
Tu as le droit d’avoir ces sentiments.
Prends le temps d’aller sur le site :
johnpaullepers.blogs.com/...
Ecoute jusqu’au bout la vidéo du jeudi 13 avril 2006 qui explique l’analyse de Jean Lassalle. (Il n’appartient pas à ma famille politique mais cela n’a aucune importance.)
Jean Lassalle n’est pas contre la mondialisation mais il pense qu’on doit la réguler « Le politique doit créer des structures de régulation. »
Il regrette l’extrême impuissance des politiques.
Certes ces emplois sont déplacés à 65 km ; je pense que la mobilité de l'actif est une qualité : mon fils travaille au Canada.
Mais le système de la "délocalisation" systématique met sur la paille des familles et surtout des régions.
La grève de la faim n'était pas un choix facile : Jean Lassalle savait qu'il serait critiqué par ses pairs et par des médias. Il a choisi de défendre quelques électeurs.
Effectivement je n'avais pas entendu ça l'usine n'est qu'un symbole. C touchant de voir ce député mais son intervention va t-elle faire changer les choses, il me semble ke le gouvernement ne communique pas sur la possibilité de créé le comité de régulation don Lassalle parle.
Il faut voir le problème sur une plus grande échelle et élargir le débat.
La régulation doit se faire sur un champ plus vaste. On en parle au plan européen.
Alain Supiot explique dans « Éléments et réflexions pour la préparation du sommet mondial du développement durable » de juillet 2002 :
« Avec le mouvement international, nous insistons pour que l’ensemble des organisations internationales, y compris l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), intègre le respect des normes essentielles du travail dans leurs pratiques. »
« Par ailleurs, l’instauration d’une synergie et d’une cohésion des instances internationales sectorielles pour promouvoir des règles communes, dans le respect des prérogatives de chacune, est devenue prioritaire. La réforme des institutions dépend de la politique des Etats. »
« La mondialisation et la globalisation doivent inclure les droits humains et syndicaux en tout point du globe, la construction d’une société pour tous les âges axée sur la solidarité entre les générations, de véritables systèmes de protection sociale solidaires et universels assurant plus de solidarité et de cohésion sociale. »
- Alain Supiot a même participé à la « Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation ».
Ce groupe a rédigé un rapport qui s’appelle « Une mondialisation juste : créer des opportunités pour tous ».
A mon avis, A. Supiot dit la même chose que Lasalle (dans la vidéo bien sûr).
Les Etats prennent peu à peu conscience … mais c’est long !