Ingénieur, voilà un profession longtemps respectée. Un ingénieur, dans une entreprise, détenait le savoir faire, et souvent le savoir être car il était acteur de la politique sociale de l'entreprise.

Dans beaucoup d'entreprises, ce temps est révolu. Après avoir confié les basses tâches - comme le ménage - à des sociétés prestataires externes, les entreprises confient de plus en plus à des prestataires externes la réalisation de tâches relevant de leur coeur de métier. Autant je peux comprendre que les entreprises puissent déléguer la réalisation de tâches ne relevant pas de leur coeur de métier - comme par exemple le ménage - autant, je trouve très préoccupant cette manie de tout externaliser. Que reste t'il du savoir faire de l'entreprise ? Cette dernière ne comporte plus, au final, que des gestionnaires de projets, qui lancent des appels d'offre pour recruter des prestataire qui feront le boulot. Ces prestataire sont alors baladés d'entreprises en entreprises, et travaillent souvent tour à tour, pour des sociétés concurrentes.

La fusion Alcatel-Lucent va conduire au départ - sur la base du volontariat - de 1500 collaborateurs. Cela est-il vraiment bon signe pour l'entreprise ? Ce ne sont jamais les moins bons qui partent volontairement. Tous les "bras cassés" s'accrochent bien évidemment à leur poste... Et la branche UMTS de Nortel, rachetée récemment par Alcatel ? Va t'elle être à son tour démantelée ?

Toutes ces incertitudes n'ont rien de bon pour la productivité et la compétitivité des entreprises. Les sociétés de services vendent cher du personnel pas toujours adapté a la mission qui leur est confiée (on ne compte plus les stagiaires ou jeune diplômés vendus comme "experts"). Les collaborateurs de l'entreprise sont plus préoccupés à préserver leur emploi qu'à faire prospérer l'entreprise. Les prestataires font ce qu'on leur demande, sans s'investir outre mesure dans la tâche qui lui est confiée. Pourquoi s'investir pour une entreprise dans laquelle on ne fait que passer ? (d'autant plus qu'un prestataire se doit, vis à vis de la boite de prestation, de faire facturer chaque extra).

L'ingénieur et le technicien sont devenus des "prolétaires" comme les autres. Leur rénumération, ces dernières années, a stagné.

L'intérêt de ce management pour les entreprises est clair : ils n'ont pas à gérer le coût des licenciements. Beaucoup ne voient pas qu'elles perdent petit à petit le contrôle de son savoir faire. Enfin, du point de vue de la société, comment inciter les gens à travailler plus longtemps, sachant qu'ils sont en permanence sur la sellette. Comment inciter les plus jeunes à s'investir dans des études techniques alors que leur collègues qui travaillent dans le commerce ou la finance reçoivent des ponts d'or ?

Un article très intéressant sur le même sujet : L'ingénieur aujourd'hui.