Lorsque j'ai été embauché dans ma boite il y a un an, comme tout jeune diplômé, je ne savais pas quel salaire demander... Je me suis donc renseigné autour de moi sur les salaires obtenus par les personnes qui avaient le même diplôme et qui m'avaient précédé. J'ai gonflé un peu ce salaire de 5%, histoire d'être sur d'avoir le même qu'eux, et ai annoncé mes prétentions salariales à celui qui allait devenir mon employeur. Celui ci a fait une drôle de tête, m'a dit que c'était beaucoup, mais que c'était assez intéressant pour lui de savoir que je demandait autant. J'étais sans doute catalogué dans la catégorie jeune requins. Il m'a embauché en me proposant le même salaire que mes prédécesseurs (salaire non augmenté des 5%).

Quand j'ai posé ma démission il y a un mois, il a été tout à fait compréhensif. Mais il a été complètement obnubilé par le salaire que j'allais toucher dans ma nouvelle entreprise. Cela le dépassait un peu que je quitte la boîte pour ne pas gagner plus, voire pour gagner moins. Il a compris quand je lui ai énoncé les autres critères qui entraient, pour moi, en ligne de compte : vie familiale et privée, qualité de vie...

Les employeurs n'ont pas beaucoup d'autres levier pour attirer les employés que la carotte, c'est à dire le salaire. Pourtant, les gens regardent de plus en plus les petits "à coté" qui font que leur vie sera bien mieux, même avec un salaire plus modeste. Pour certains, la réussite se mesure à la somme écrite sur leur chèque, en fin de mois. Je les plains... Pour moi - et pour beaucoup de personnes de ma génération - réussir sa vie privée est au moins aussi important, si ce n'est plus, que réussir sa vie professionnelle. Travailler pour vivre et non vivre pour travailler. Pourquoi un tel changement de comportement alors que la valeur travail a longtemps été synonyme de réussite sociale ? Tout simplement parce que le travail est de moins en moins respecté, même par les employeurs. Un bon ouvrier pouvait avant gravir les échelons dans une entreprise. Cela est moins vrai aujourd'hui, où l'ouvrier est constamment menacé d'être mis à la porte de l'entreprise par manque de productivité. Difficile aussi de s'épanouir dans une entreprise - voire dans une société - qui ne reconnaît plus la valeur travail et préfère rémunérer ses actionnaires plutôt que de récompenser ses salariés.