Vice caché
Par Tizel le vendredi 30 mai 2008, 08:54 - 2548 lectures
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Annulation d'un mariage à Lille...
Même s'il a pris un peu de plomb dans l'aile ces dernières années, le mariage reste - d'un point de vue personnel et religieux - quelque chose de sacré. D'un point de vue républicain, un engagement des deux époux dans la vie l'un de l'autre et dans celle de notre société. Hors, même si le mariage religieux et républicain sont généralement réalisés dans la même journée, il serait à mon sens dangereux de mélanger les deux. Hors, c'est ce que viens de faire le tribunal de Lille en annulant un mariage pour défaut de qualité de la mariée.
L'histoire avait bien commencé - elle était amoureuse, lui aussi, mais pas assez apparemment. Elle lui avait fait croire qu'elle était vierge. Il l'avait cru et ils avaient décidé de convoler en juste noces. Hélas, lors de la nuit de noce, il a découvert - on ne sait trop comment - qu'elle avait déjà servie. Se sentant bafoué et déshonoré, il a décidé de ramener le produit chez son fabricant - les parents de la mariée - prétextant sans doute un vice caché. Le tribunal de Lille a annulé le mariage pour "défaut de qualité". En effet, la pureté de la mariée était l'une condition du consentement du mari. On croit rêver... Même si, de toute façon, l'aboutissement de ce mariage ne faisait aucun doute (annulation ou divorce), la décision du tribunal de Lille est quelque peu incongrue.
Il y a deux ans, une loi - on ne peut plus légitime - est passée permettant aux mairies de vérifier séparément le consentement des deux époux lorsqu'ils avaient un doute sur le fait que le mariage est arrangé. Faudrait-il à l'avenir, mettre la mariée sur la table le jour du mariage pour qu'un officier d'état civil aille constater la "qualité" de la mariée ? Wikipedia - qui n'est pas une référence comme chacun le sait - qualifie de "primitives" les société où la virginité est un préalable au mariage. Nous vivons donc dans une société primitive (ou en voie de le re-devenir) et le tribunal de Lille aurait peut être pu condamner la jeune fille à être brulée vive, en place publique, pour sorcellerie.
Si le mari était lui aussi de première fraicheur, comment a t'il découvert que sa jeune épouse ne l'était plus ? S'il l'aimait vraiment, n'aurait-il pas pu faire comme si de rien était ? Un secret bien gardé qui aurait évité que ce déshonneur soit affiché sur la place publique. Quel gachit. Pour le marié - mais peu importe, il n'en valait pas la peine - et surtout pour la mariée, qui doit sans doute subir un rejet de sa communauté.
Commentaires
Au risque de passer pour sans coeur, la decision du tribunal ne me choque pas en elle-même : il n'a fait que constater qu'une condition importante (pour un des époux du contrat) du mariage n'était pas satisfaite, et a annulé le contrat, conformément à l'art L180-2 du code civil : "S'il y a eu erreur dans la personne, ou sur des qualités essentielles de la personne, l'autre époux peut demander la nullité du mariage". Le tribunal n'a pas annulé le mariage pour cause de non virginité, mais uniquement sur le fait qu'il y a eu "tromperie".
Ce qui me choque par contre, c'est l'obsession de la virginité, que je trouve sordide.
Moi ce qu'il me choque c'est qu'un juge ait pu accepté qu'une affaire comme celle-ci qui tient du privé puisse arriver jusqu'à un tribunal.
Si maintenant être vierge est une qualité pour se marier et bah on va pouvoir les compter sur une seule main, le nombre de mariages...
Enfin certaines coutumes semblent bien archaïques...
@ Seb enfin bon à la base tu te maries parce que tu aimes ce n'est qu'un détail ce contrat...
tiens aussi ça (un autre article à la con du code d'état civil) que j'avais trouvé dans mon livret de famille je suis pas marié (pacsé) mais j'ai 2 petiots
Obligations alimentaires :
Les gendres et belles-filles doivent des aliments à leur beau-père et belle-mère. Cette obligation cesse lorsque celui des époux qui produisait l'affinité et les enfants issus de son union avec l'autre époux sont décédés. Réciproquement, les beaux-pères et belles-mères sont tenus de cette obligation envers leur gendre et belle-fille.
Faut dire que notre beau code d'état civil date du bon Napoléon (tiens il faisait pas même taille que Mini-Monsieur?)
L'amour, ça relève de la sphère privée, et ni l'amour ni la virginité ne sont exigés du legislateur pour que le mariage soit valide. Du point de vue du droit, le mariage est un contrat. C'est pas très romantique dit comme ça, mais c'est bien le cas
Tu as tout à fait raison Seb... La logique du droit n'a - heureusement - rien à voir avec celle des sentiments, même si parfois elle doit en tenir compte.
Ce qui nous choque tous dans cette histoire c'est :
1. La condition de la femme, ramenée à l'état d'objet usagé dont on se sépare comme d'un kleenex
2. Les aspects religieux sous jacents auxquels l'état ne devrait pas prêter attention
3. Les problèmes d'intégration de certains communautées musulmanes et le choc des cultures que cela engendre
Tizel
Littlecelt : critique pas trop Napoléon. Si son code existe toujours aujourd'hui, malgré tous les régimes qu'il a traversé, c'est qu'il n'était pas si mal foutu et qu'il était extrêmement moderne pour son temps. Tu as des devoirs vis à vis de tes beaux parents jusqu'à rupture du lien avec ton époux... et inversement. Droit et devoir dans ce code sont assez bien équilibré.
Tizel
Tiens cela me rapelle un épisode de ally macbeal (mdr), je sais je rie de tout et ce n'est pas drôle désolée, oups, cela me rapelle que certaines femmes vont se faire recoudre l' hymen et s' achète une deuxième virginité car elles ne veulent pas choquer ou déshonorer leur famille ou celle du futur époux en leur avouant qu'elles ne sont plus vierges, les aspects religieux et le poids de la tradition étant trop lourds à porter.
"une affaire comme celle-ci qui tient du privé" ..."L'amour, ça relève de la sphère privée" ... L'amour oui, mais le mariage non, car je le rappelle c'est une INSTITUTION. A mon sens le jugement ne porte donc ni sur la condition de la femme, ni sur les convictions religieuses des uns et des autres, ni sur la morale de l'amour etc... mais bien plutôt sur la valeur de la parole donnée à l'Autre et devant l'Autre que l'institution du mariage doit consacré.
Ce débat est donc selon moi inepte parce qu'il confond tous les plans, et montre bien à quel point la notion d'Institution n'a plus aucun sens pour nos contemporains puisque seul compte le petit individu auto-référé, sa sacro-sainte liberté (de quoi ? on se le demande) et ses intérêts d'ordre purement narcissique et privé...
Rien contre Napoléon moi
(il a inventé le chèque aussi non? ou c'est le n°3?)
Mais je trouvais cet article marrant :P
Et cet état civil c'est aussi en partie le même en Belgique
D'accord avec Seb, entre autres : la decision du tribunal ressort une loi qui n'avait servi pour la dernière fois qu'au début du XX e siecle. Cependant, précisons que ces personnes sont de confession musulmane : si l'homme a le droit d'avoir déjà eu des partenaires, il est traditionnel que sa future epouse soit vierge.
Après, on dépasse le stade légal ou religieux : il ne l'aimait sans doute pas vraiment.
peut-être le mari attendait-il que la mariée tâche son drap !
il faut croire que dans cette affaire, l'amour est passé bien après un certain nombre de considérations...
Nore chère Rachida a quand même raison de rappeler que cette décision - même fortement critiquable - était sans doute la meilleure pour protéger la jeune fille.
Tizel
Tout a fait d'accord avec ta dernière remarque Tizel, vaut mieux pas de mari qu'un comme ça. Mais dans ce cas c'est pas la mariage qu'il faut annuler, on a inventé le divorce
C'est ce que dit Maitre Eolas : si les deux époux avaient divorcé par consentement mutuel, personne n'en aurait parlé. Ce qui n'aurait pas fait avancer le débat.
Tizel