Je suis tombé il y a quelques jours sur l'excellent site de Philippe Meirieu, célèbre pédagogue qui aborde de nombreux problèmes sur l'éducation. Sur son site, Philippe Meirieu propose un petit dictionnaire de réflexions assez intéressantes. Entre autre choses, Philippe Meirieu indique qu'on parle de plus en plus d'autonomie de l'élève, censé être acteur de sa formation. Or, selon lui - opinion que je partage - le système cultive plutôt la débrouillardise : l'élève qui s'en sort est celui qui est plus débrouillard que les autres, qui sait choisir les bonnes filières, qui sait profiter du système, qui en connait les rouages et les systèmes... Le pire, c'est que cela se vérifie...

Il fut un temps ou entrer dans une école de commerce ou d'ingénieur demandait pas mal de sacrifice - sur le plan du travail j'entends... Aujourd'hui, rien de cela. Il n'y a quasiment plus aucune sélection à l'entrée des écoles de commerce ou d'ingénieurs : elles ne font plus le plein. C'est une vérité que personne n'avouera, mais même dans les écoles les plus prestigieuse, la sélection n'est plus là. La classe préparatoire n'est plus le passage obligé : un bon dossier en fac permet de rentrer dans la plupart des écoles qui recrutent après prépa. Le bac suffit pour rentrer dans nombre d'écoles post bac. La sélection est quasi inexistante. Encore faut il connaitre les ficelles pour y rentrer. Encore faut il avoir les moyens financiers pour suivre de telles études qui s'élèvent bien souvent à 6000 ou 8000 euros l'année.

Bref, pour réussir, nul besoin d'être bon élève. Il faut simplement connaitre les ficelles et avoir un peu d'argent pour se payer certains diplômes - peu regardants sur la qualité des candidats, mais ayant un réseau suffisamment étoffé pour les placer sur le marché du travail. Autant dire que seuls ceux qui sont passés par ces écoles connaissent le parcours à suivre, pour exploiter et contourner le système. Les très bon en profiterons également, mais ils devront se donner beaucoup de mal... Et voilà comment on favorise un système ou les élites se reproduisent entre eux...

Nous sommes passés en quelques années d'un système exigeant et élitiste - dans le sens ou il sélectionnait les meilleurs - à un système de reproduction des élites - qui n'ont même plus besoin d'être intelligents pour obtenir les meilleurs places. Ne faudrait-il pas mettre en place un système méritocratique qui permette véritablement favoriser les compétences réelles des étudiants, pour que l'élite de demain soit moins consanguine qu'aujourd'hui ?