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Avoir des idées, c'est bien. Pouvoir les concrétiser, c'est mieux. C'est le constat que fait aujourd'hui le très particulier PDG de Microsoft : Steeve Balmer. Microsoft est en effet passé, ces dernières années, à côté de pas mal de tournants. Microsoft a fait sa fortune sur du logiciel pour ordinateur, et n'a pas su contrer l'arrivé des logiciels libre, ni prévoir l'arrivé des smartphones et des pockets PC et tablettes PC. En se sens, Microsoft n'a pas su être aussi innovant qu'Apple. Microsoft possède pourtant pas mal d'atouts, mais l'entreprise peine à être innovante et peine à concrétiser certaines de ses idées. Microsoft prépare donc une réorganisation de l'entreprise qui devrait voir l'arrivée d'une part plus importante d'ingénieurs aux postes clefs.

Ce constat devrait peut être fait dans pas mal d'entreprises. Depuis les années 90, l'industrie dans notre monde occidental, aux Etats Unis comme en Europe, a quelque peu été négligée. L'heure était à la dés-industrialisation, à la dématérialisation. La production, c'est pour les petites mains à bas cout, tout justes bonnes à reproduire les choses que nous, occidentaux, avons imaginé, conçu. On produit à l'autre bout de la terre, puis on les revends chez nous. Les idées, rien que les idées, concrétisées par des asiatiques sous payés. L'argent ? Produit par les meilleurs cerveaux occidentaux, qui fabriquent de l'argent à partir d'actions. Des valeurs dont les variation sont sensibles aux murmures de l'économie. Mais les murmures ne sont que du vent, un bruit de fond. Rien de concret... Cela a conduit sans doute à la crise que nous avons connu ces derniers mois.

On critique souvent - trop souvent - les grands patrons. Ils gagnent beaucoup paraît-il. Et pourtant, le premier d'entre eux, Bernard Arnault, a une fortune estimée à seulement 23 milliards d'euros. Soit moins de la moitié des prises de position de Jérôme Kerviel pour la société générale. Et si je prend le classement des premières fortunes de France, moins de dis d'entre elles gagnent plus de 4,82 milliards d'euros, les pertes estimées de cette affaire Kerviel.

Il est plus que temps de rééquilibrer un peu ce déséquilibre qui s'est établit entre le monde de la finance et le monde réel. Il est temps d'arrêter que nos meilleurs ingénieurs partent tous vers les hautes sphères financières et qu'ils s'occupent plus de pourquoi elles ont été formées : l'industrie. Dans ce secteur, il est urgent que les ingénieurs reviennent un peu plus aux affaires. En matière technique, qui mieux qu'un technicien est capable de dire ce qui est réalisable de ce qui ne l'est pas ? Quel est le rôle premier d'un ingénieur si ce n'est de faire la passerelle entre sciences fondamentales et concrétisation des techniques à travers un produit commercialisable. Qui mieux qu'un ingénieur - un vrai, avec les pieds sur terre - pour remettre un peu de concret dans un monde industriel qui ne sait plus trop où il va ?

Je m'emporte sans doute un peu, certes. Mais avec un peu moins de finance, et un peu plus d'innovation - et non, comme je le vois souvent, d'incantations - je suis sur que nous nous porterions beaucoup mieux.