The Artist

Quelques jours avant le sacre de The Artist, je suis allé voir ce film dont tout le monde parle tant, quand bien même, au final, bien peu de monde est réellement allé le voir. Il faut dire que cela n'a pas été simple : au Gaumont du coin, malgré le buzz qu'il y a autour de ce film, il n'y a qu'une seule séance par jour de programmée. Autant dire donc que c'est mission impossible pour le voir. Heureusement, j'ai réussit à me glisser dans l'une des séances du cinéma d'art et d'essai, situé dans un autre coin de la ville.

A l'heure d'Avatar, des films en 3D et des effets spéciaux à tout va, The Artist est un OVNI. Il fallait quand même oser sortir un film muet, en noir et blanc, 84 ans après la sortie du premier film parlant. Le film est assez sympathique et original. Michel Hazanavicius - le réalisateur - est passé maitre dans l'imitation des vieux film, comme il avait su le faire avec OSS 117, parodiant les vieux James Bond des années 60/70. Il y a un travail impressionnant de Bérénice Bejo et Jean Dujardin pour - privés de parole - réussir faire passer toute l'émotion dans les mimiques et les gestes. Il n'a d'ailleurs sans doute pas été évident pour eux de retrouver le jeu des acteurs de l'époque, un jeu de mime en somme. Un film curieux, à voir si vous aimez regarder parfois de vieux films.

Malgré tout, j'ai quand même un peu de mal à comprendre pourquoi et comment ce film - original, mais pas révolutionnaire - a réussit l'exploit d'obtenir autant de prix, que ce soit au Festival de Cannes, aux Césars et même aux Oscars. Le film a réussit un hold-up sans précédent dans la plupart des grands évènements du cinéma mondial, alors même que personne ne croyait réellement au projet au début. Certes, l'année a été faible en grands films - quoi que le succès d'Intouchable ou la critique de Polisse tendent à prouver que le cinéma français a été particulièrement riche - mais quand même... Jean Dujardin, encore inconnu outre atlantique il y a quelques mois, à obtenu l'oscar du meilleur acteur, au nez de Georges Clooney et de Brad Pitt, sans même avoir prononcé une phrase dans un film. Bizarre. Car c'est au final peut être cela l'exploit du film. En surfant sur la vague de la nostalgie, l'équipe de The Artist a réussit à vendre un film original, révolutionnaire dans son approche, mais au final très conservateur, nostalgique d'un passé révolu : un film de 1911, et non de 2011.