Virgin

Que l'ont soit en période de crise ou de prospérité économique, il y a des entreprises qui disparaissent, et d'autres qui se créent. C'est la loi de l'offre et de la demande, la loi de l'évolution, et aussi parfois, la loi de la jungle : bref, c'est l'économie.

Aussi, il ne faut pas s'étonner que des industries lourdes disparaissent, alors que d'autres se créent. Ce fut le cas par exemple dans le Nord de la France, où les derniers puits de Mines ont été fermés en 1990. Pendant 15/20 ans, c'est la désespérance qui était associée à la région Nord Pas de Calais, avec des taux de chômage record. Aujourd'hui, au carrefour de différents pays Européens, la région est en pleine mutation. Les bassins miniers ont été colonisés par de gros acteurs de l'informatique, qui ont trouvé les lieux propices à l'installation de leurs data centers. C'est le cas pour des entreprises comme OVH ou ATOS, qui se développent à grands pas. C'est aussi dans cette région que s'est installé Toyota, à l'heure où nos chers constructeurs nationaux produisent plus que jamais à l'étranger.

Bref, quand le gouvernement vient à la rescousse de Florange, contre le méchant indien Mittal, cela sonne un peu Don Quichotte contre les moulins à vents. C'est une économie de sidérurgie qui a quand même beaucoup de mal à être compétitive dans un pays comme la France. Quand le gouvernement accuse Peugeot de mal gérer son entreprise, c'est oublier les dégâts engendrés par la gestion catastrophique de l'état dans des entreprises comme Renault, Alcatel, ou Thomson. Dans tous les cas, c'est donné un signe forts aux investisseurs pour qu'ils aillent investir ailleurs qu'en France. La famille Peugeot, comme la famille Mittal, n'ont sans doute pas appréciés d'être ainsi trainés dans la boue alors qu'ils investissent en France et font, bon an mal an, travailler de nombreux français.

La semaine dernière Virgin a déposé le bilan. Notre ministre de la culture, Aurélie Filippetti, a tôt fait d'accuser la concurrence déloyale d'Amazon dans le secteur. Selon elle, Amazon n'est pas soumis aux même charges que Virgin ou la FNAC, et pas au mêmes taxes puisqu'installés au Luxembourg. Pourtant, quand je commende sur Amazon, je reçoit bien une facture avec la TVA indiquée dessus. Amazon paye donc bien une partie de ses taxes en France. Ah, certes, ils n'ont pas de boutique physique, leur coût de structure est donc bien moins élevé. Pourtant, mes colis sont bien préparés et expérdiés à partir de la France. D'ailleurs, Amazon n'a t'il pas décidé récemment d'investir dans un quatrième entrepôt en France qui devrait générer 1000 emplois ? Dans le nord justement. 1000 emplois, exactement le nombre d'emplois menacés chez Virgin.

Virgin n'a pas été très réactive. C'est une entreprise qui aurait pu créer une plate forme efficace de musique en ligne s'il avaient su comprendre le virage de l'Internet et du numérique. Pourtant, pendant longtemps, leur site n'était disponible que sous Internet Explorer, et bien sur, bourrés de DRM... C'était il y a bien longtemps, mais Virgin, comme bien d'autres, ont raté ce virage... Hasard du calendrier, Amazon annonce cette semaine que, si vous achetez un album sur leur site, vous pouvez télécharger gratuitement les morceaux au format numérique. Nul doute qu'avec une telle annonce, ils risquent de vendre un peu plus d'album, voire faire concurrence à I-Tunes. Pourquoi la FNAC ou Virgin n'ont pas suivi cette voie ? Pourquoi n'ont-ils pas signé un partenariat avec Deezer pour proposer ce service avant les autres ? Un manque de vision sans doute, un manque d'écoute des besoins de leurs clients également, un manque aussi d'innovation pour traduire ces besoins en concept économique.

Car la concurrence est rude. Ce débat entre boutique physique et Internet me fait penser à ce qui s'est passé il y a 15 ans avec l'implantation des Fnac et de Virgin dans les centre villes. A cette époque, on les accusait de faire de la concurrence déloyale aux disquaires et aux librairies indépendantes. Dans ma ville, l'installation de la FNAC a entrainé la fermeture d'une grande librairie, et la réduction de la surface de vente de la seconde. Celle-ci a cependant rebondie et s'est adaptée. Il est beaucoup plus agréable pour moi d'y aller acheter mes livres, que dans la surface lugubre à l’atmosphère étouffante de la FNAC. Bref, l'avis à l'empote pièce lancé par notre ministre de la culture, Aurélie Filippetti, est vraiment d'un autre âge. L'économie de la culture est en pleine mutation, en plein chamboulement. Ne subsisterons que ceux qui seront s'y adapter et innover. Le plus gros problème, sans doute, est que tous les derniers ministres qui se sont succèdes à la culture dernièrement semblent complétement incultes en matières d'économie...