Adolescence Numérique

Il y a 16 ans, j'avais 16 ans... J'étais en première. Dans mon souvenir, c'était presque hier, et pourtant, à y réfléchir, c'était il y a une éternité.

A 16 ans, je n'avais jamais eu d'ordinateur à la maison. Les jeux vidéos, c'était sur console. Dans mon lycée, il devait y avoir un ordi dans un coin du CDI, qui ne servait à rien, puisque de toute façon pas relié à Internet. D'ailleurs, Internet, je n'en avais jamais entendu parler. Mon premier PC, je l'ai touché dan mon école primaire - des Thomson TO7 du désastreux plan "Informatique pour Tous". Le second, au collège, en cour de technologies... Je n'ai approché aucun PC pendant mes années lycée. Pour le bac, c'est sur un minitel, dans le hall du lycée, que je me suis inscrit...

A 16 ans, quand je souhaitait appeler un ami, c'était sur le téléphone fixe de mes parents. De l'autre côté, quand j'appelais, 9 fois sur 10, c'est les parents de l'appelé qui décrochaient. Un intermédiaire dont tout bon ado qui se respecte se serait bien passé. Et hors de question de passer des heures au téléphone et de ramener aux parents des factures astronomiques.

A 16 ans, j'étais fier du vieil appareil photo que mon père m'avait offert et qui prenait de superbes photos... argentiques. Pas question de prendre des dizaines de photos sans réfléchir, sachant que le développement de ces photos coutait relativement cher. L'échange de ces photos ne pouvait se faire qu'à travers des tirages multiples, offert aux amis.

Bref, à cette époque, pas de réseaux sociaux, de hautes technologies... Un monde quand on pense aux outils à disposition des ados d'aujourd'hui, qui peuvent se constituer des communautés d'amis, always connected. Les deux temps "cellule familiale"/"bande d'amis", qui rythmait les journées des ados a totalement explosé. Les parents peuvent contacter leur môme à tout moment, les ados peuvent prolonger leurs interactions numériques avec leurs amis jusque dans l'intimité de leur chambre d'ados. Prendre des photos et les échanger sur les réseaux sociaux, se constituer au jour le jour un album virtuel, est presque devenu un automatisme. A noter, que, contrairement à ce qu'on pourrait penser, leurs interactions sont souvent loin d'être publiques, mais plutôt concentré dans un cercle fermé d'amis. Il ne faudrait tout de même pas fournir aux parents trop d'informations sur les interactions que les ados peuvent avoir avec leurs semblables.

Je suis l'un des tout premier spécimen de la génération Y. Et pourtant, à y réfléchir, tout cela me donne le vertige. J'ai beau maitriser les nouvelles technologies, je m'interroge tout de même sur la façon dont je vais devoir éduquer mes enfants au regard de cette nouvelle donne. Pas facile de savoir quelles limites leur donner, comment contrôler ses agissements sur la toile sans trop être inquisiteur... Beaucoup d'interrogations face à ces nouvelles technologies qui viennent, encore une fois, bouleverser notre rapports aux autres.

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