Bonheur

Les médias nous alertent depuis pas mal de temps sur la désertions de certains métiers, comme le métier d'enseignant, jugé trop peu rémunérateur. Le ministère de l'éducation nationale est conscient du problème, mais ne peut augmenter son personnel en période de disette budgétaire. Et pourtant, je ne suis pas sur que ce soit de là que vienne le problème. Prof, au même titre que médecin ou infirmier, sont des métiers que l'on doit avant tout embrasser par vocation, pas pour le salaire. Je suis toujours abasourdi quand j'entends un jeune vouloir faire médecin "parce que ça paye bien". Est-ce vraiment là la motivation première qui doit inciter quelqu'un à faire médecine ? En tous les cas, je ne voudrait pas avoir à faire à un tel médecin. Les profs de pharmacie vous le diront, le tronc commun "médecine/pharma" pour leur discipline pose problème. Ils récoltent des étudiants, certes plus brillant qu'avant, pas assez bien classés pour faire médecine, et peu motivés pour la pharmacie. Un choix, par défaut, qui ne permettra pas de faire de bon pharmaciens.

Pour en revenir aux profs, le salaire est l'une des composantes de l'attractivité du métier, mais sans doute pas la seule. Je vois de plus en plus les profs autour de moi devoir faire de plus en plus de réunions stériles pour rattraper des journées libérés par l'éducation nationale. Je les vois de plus en plus se débattre à faire des heures qui n'ont rien à voir avec leur discipline et leurs compétences pour occuper les élèves (TPE, enseignements d'explorations, accompagnement personnalisés par groupe de 38 et j'en passe...). Sans compter les rencontres avec les parents qui se multiplient, signe sans doute du peu de confiance qu'ils ont envers l'institution. Bref, être prof aujourd'hui, c'est de plus en plus faire appliquer des directives administratives, et de moins en moins transmettre un savoir et faire progresser les élèves. Le métier perdant de son sens, il n'est alors pas étonnant qu'il n'attire plus les foules.

Certains diront qu'ils n'attendent rien de leur milieu professionnel, que leur boulot est avant tout alimentaire. Honnêtement, je les plains. Pour moi, l'accomplissement professionnel est sans doute plus important que de gagner énormément d'argent. Personnellement, j'ai un bon salaire, qui me suffit largement pour vivre. J'aurais pu faire le choix d'un métier bien plus rémunérateur, mais aussi bien plus ennuyeux. Je préfère mon épanouissement au chant des sirènes de l'argent qui coule à flots. L'argent contribue au bonheur, mais il ne fait pas tout. J'ai sans doute plus de plaisir à travers le "merci" d'un collaborateur qu'à travers les euros qui apparaissent en bas de ma fiche de paye en fin de mois.