Google dominant

Il y a quelques années, c'est Microsoft qui était la cible des gouvernements de tous poils, pour abus de position dominante. A l'époque, son système d'exploitation - Windows - était incontournable et, à travers lui, Microsoft contrôlait la majorité des ordinateurs de la planète et accentuait sa dominance en préinstallant des applications qui devenaient alors incontournables (c'est ainsi que Microsoft a poussé sa solution Internet Explorer au détriment de Netscape). Par ailleurs, Microsoft étant pré-installé sur les ordinateurs, rare étaient ceux qui installaient un autre système.

Aujourd'hui, dans le monde des PC, la situation n'a pas tellement changé. Windows reste incontournable. Mais force est de constater que ce n'est plus Microsoft qui préoccupe les gouvernements, les entreprises et les citoyens. C'est plutôt Google qui est aujourd'hui dans le collimateur de la commission européenne. Cette dernière reproche à Google d'abuser de sa position dominante pour pousser ses solutions, via son moteur de recherche. Et la position dominante de Google - bien que flagrante - est d'autant plus insidieuse que ses produits sont bien conçus, intégrés, et que chacun sait que, même si une plus grande concurrence serait sans doute plus seine, elle rendrait la vie des utilisateurs plus compliquée. Il est par exemple clair, quand je tape "météo" dans Google, qu'il est plus simple pour moi que la météo s'affiche immédiatement, plutôt que de devoir aller consulter le site de Météo-France. Et il en va de même pour toute recherche, même à but commercial.

Et c'est là que le système se grippe. Car si Google au départ était un simple moteur de recherche, efficace et relativement neutre, Google met de plus en plus en avant ses propres services, met de plus en plus en avant des résultats sponsorisés (moyennant finance des annonceurs), voire met en place des filtres sensés rendre les résultats plus pertinents - au détriment parfois de certains sites tout à fait légitimes (ainsi, les derniers filtres mis en place ont tendance à défavoriser les blogs par rapport à d'autres sites plus classiques). Bref, Google semble de moins en moins neutre dans le traitement de l'information du net. Et c'est en cela que Google commence à être sous le feu des critiques des sites de comparateurs de prix, de voyages, de météo et tous les services qui se retrouvent de plus en plus intégré au moteur de recherche. Un peu comme Microsoft à qui on reprochait, il y a quelques années, d'intégrer des navigateurs, des logiciels de traitement photo et vidéo, des logiciels de gravure, de compression, antivirus et firewall. Bref, tous ces petits logiciels ou services, que tout le monde utilise, pour lesquels les différents éditeurs (qui se font pas mal d'argent avec) ont la hantise de se voir plumer leur poule aux œufs d'or.

En attendant, même si elles commencent à poindre leur nez, les alternative à Google ne sont pas tout à fait au point (tout comme il n'y a toujours pas de concurrent sérieux - au sens de largement déployé - à Windows sur le plan des PCs). La commission européenne a raison de pointer du doigts Google sur certaines de ses pratiques, qui risque d’empêcher ou de réduire le développement économique de bon nombre de sociétés. Cette même commission devrait sans doute aussi s'interroger sur l'absence en Europe de grands acteurs du numérique, capable de rivaliser avec Google, Apple, Microsoft, Yahoo, Facebook, Twitter, YouTube (écrasé par Dailymotion après mille et une tergiversations ?), Amazon, et j'en passe...