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Depuis plusieurs années, les signes d'une pathologie de notre système scolaire se multiplient. Nombreux sont ceux qui soulignent le déclin des compétences de nos chères têtes blondes. Le système scolaire est accusé de bien des maux, de fabriquer des crétins et d'être défaillant dans son rôle d'ascenseur social.

Même si mon sentiment est que le niveau décline quelque peu, je ne suis pas si alarmiste : on ne peut décemment pas évaluer les élèves avec les mêmes critère qu'il y a 30 ou 40 ans. Oui, nos élèves font plus de fautes d'orthographe et sont moins doués en calculs mental. Mais les élèves d'aujourd'hui donnent aussi des leçons à leurs ainés sur la façon d'utiliser un ordinateur ou de surfer sur les réseaux sociaux. pas sur non plus qu'un élève, il y a 40 ans était capable de réaliser un exposé de la même façon qu'un élève aujourd'hui. Les compétences attendues par la société ont évolué, et les compétences du passé ont été remplacés par d'autres. Pas sur cependant que le niveau des nouvelles compétences aient compensés totalement le niveau des compétences passées. Mais finalement, là n'est pas la question. La seule et véritable question qui importe, dans un monde globalisé, est de savoir si nos chères têtes blondes sont mieux équipées que leurs voisins (des autres pays) pour affronter les défis qui vont se présenter à eux. Et là, au vu des classements internationaux, il y a quand même lieu de s’inquiéter. Certains ont beau vouloir casser le thermomètre PISA, les faits sont là : le niveau de la France semble décliner dans le classement.

Certains - ultra conservateurs - sont nostalgique de l'école des années 30, avec la règle à calcul et le petit livre d'histoire d'Ernest Lavisse qui vantaient le courage de nos irréductibles gaulois et la dette financière et surtout morale de l'Allemagne vis à vis de la France. Mais, n'en déplaise à certains extrêmes, il y a bien longtemps que des "arabes" se baladent dans les rues de Poitiers et autres villes de France. La France a bien heureusement fortement évolué, et la société française avec elle. Dans un contexte de mondialisation, nombreux sont ceux qui ont du sang étranger dans leurs familles : polonais, espagnols, portugais, algérien, marocain et, plus récemment vietnamien ou chinois... Et ce mouvement n'est pas près de s'arrêter. De même, nos jeunes naissent avec les technologies qui font parti intégrante de leur quotidien. Difficile dans ce cas de leur faire comprendre qu'il faille apprendre par cœur les grandes dates de l'histoire de France ou le nom des affluents des fleuves français quand l'information est à portée de clic sur Wikipedia. Les jeunes ont évolué et la société a évoluée. Faire cours comme il y a 40 ans n'a plus de sens. L'école se doit d'évoluer aussi avec les jeunes qu'elle reçoit sur ses bancs.

L'ascenseur social est en panne. L'école veut la réussite de tous, mais l'enfer est souvent pavé de bon sentiments. L'égalitarisme conduit à devoir baisser le niveau d'exigence. Mais quoi qu'on fasse, les enfants issus de milieux favorisés, que les parents amènent dans des expositions, qui lisent Télérama et regardent Arte seront toujours mieux armés au niveau culturel que ceux qui passent leurs journées devant TF1. L'école ne peux pas totalement compenser cela, mais elle se doit de corriger le problème. Si l'école n'apporte pas les outils qui permettent d'élever les élèves - cultivés ou non - alors on évolue vers une privatisation de l'enseignement, dévolu aux familles et non a l'institution.

Il est très facile de critiquer les réformes du système éducatif, vu de l'extérieur. Mais l'école est à l'image de la société. On reproche à l'école d'être moins exigeante, plus laxiste, mais voit débouler les parents dès qu'elle ose porter un jugement sur un élève. On lui reproche de ne pas savoir accompagner ou orienter les élèves, mais elle voit ses avis quasi systématiquement remis en causes par des parents qui souhaitent que leurs enfants aillent dans les meilleurs filières, quand bien même ils n'en ont ni les capacités, ni l'envie.

L'école est en crise d'identité. Elle se cherche. Le statu quo n'est pas une solution. Elle est condamnée à innover, mais ne sait pas trop comment faire. Elle doit inventer un nouveau mode de transmission des savoirs, plus en phase avec notre temps.