C'était le moment tant attendu par les médias, le moment où le juge Burgaud allait s'expliquer sur la terrible affaire d'Outreau. TF1 avait, c'est dire l'importance de l'affaire, suspendu ses programmes pour retransmettre les débats. On s'attendait à un grand spectacle judiciaire. Le juge allait s'expliquer, il avait tant de choses à dire... Et... Et... Et... Et rien...

Rien... Le petit juge faisait peine à voir tant il avait du mal à justifier ses décisions dans ce dossier. La commission n'était pas là pour le juger, mais elle n'avait pas à pousser très loin ses questions pour rendre mal à l'aise ce juge autrefois jugé hautain par les acquittés. Ce juge semblait comme un petit enfant, pris la main dans le sac aprés avoir fait une bêtise, et qui pourtant nie les faits. Mal à l'aise, visiblement affecté par une affaire qui le dépasse et dont il n'a visiblement pas compris tous les enjeux. Il peine à comprendre qu'il a faillit dans son rôle de rendre la justice, persuadé d'avoir respecté les règles. Comme le disait l'un des auditeurs de la commission d'enquête, il a sans nul doute respecté la procédure et la loi, mais il n'a sans doute pas respecté l'esprit de la loi. Je suis persuadé que le juge Burgaud est quelqu'un de profondément brillant en matière de droit et quelqu'un qui a le goût du travail bien fait. On ne réussit le concours de magistrat sans avoir cette qualité. Mais voilà, l'accumulation de savoir fondamentaux ne fait pas tout et dans certains métiers - magistrats, professions médicales, enseignement - les qualités humaines des professionnels sont fondamentales. Il serait grand temps de réformer les concours de la fonction publique afin de prendre également en compte les qualités humaines des candidats.

Il faut que par ailleurs, dans les écoles qui forment nos élites, ont inculque l'humilité et la culture de la remise en cause permanente. Arrêtons de leur faire croire qu'ils sont les meilleurs, ils finissent par le croire. Certes, ils sont brillants, mais dés lors qu'ils ne savent pas se remettre en cause, leur capacités sont fort peu utiles à notre société. Nous mettons aujourd'hui au pilori le juge Burgaud parce que nous mesurons effectivement les conséquences tragique de ses actes. Mais pourtant, des petits chefs, il y en a partout dans notre société. Cela passe par le médecin qui s'estime plus compétent que le rebouteux du coin car il possède des diplômes (mais pas forcément l'expérience). Cela passe par l'ingénieur qui estime en savoir plus que le technicien qui, pourtant, a l'expérience du terrain. Cela passe par le politique qui prend des décisions, sans en mesurer les conséquences sur les personnes que ces décisions impliquent... Les qualités humaines ne s'acquièrent pas, mais évitons, collectivement, de donner trop de pouvoir à des personnes qui, mis sur un piédestal, sont incapable d'écouter la parole des personnes qui les interpellent.