Voler à l'aide de Ségolène
Par Tizel le lundi 13 novembre 2006, 09:01 - 2970 lectures
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Et pourtant, je ne suis pas royaliste...
Depuis 3/4 jours circule sur Internet une vidéo où on voit, et surtout entends, la présidente de la région Poitoux Charente (ex ministre délégué à l'enseignement scolaire), dire quelques vérités qui font scandale. Je ne m'étendrais pas sur le fait qu'il me semble bizarre que cette vidéo sorte, bizarrement, à une semaine du premier tour des primaires du parti socialiste. Est-ce vraiment un pur hasard ou l'ouverture des hostilités ?
Alors, que dit-elle en substance notre chère Ségoléne ?
- Il va falloir être révolutionnaire
- Faire un pacte avec les syndicats
- Le noeud de l'échec scolaire se joue au collège
- Les enseignant restent plus longtemps au collège
- Il faut donner du soutient scolaire (gratuit) aux élèves qui en ont besoin
- Acadomia se développe...
Bon, alors, pour la proposition "1", je suis d'accord avec elle, mais je ne suis pas sur qu'elle soit la plus à même de mener la révolution. Pour la 2, je ne ferais pas de commentaires sur le pacte à passer avec les syndicats. Ils sont quand même un frein à beaucoup de réformes intelligentes... Passons aux choses sérieuses...
Il est indéniable qu'il y a un problème au niveau des collèges. Les collèges cumulent les difficultés pour intégrer des élèves hors course avant même de commencer, et le peu d'énergie restante ne permet pas vraiment d'intéresser et d'élever les élèves les plus brillant. Il serait vraiment utile d'augmenter la présence d'adulte dans les établissements. Là dessus, je pense qu'elle à raison. Mais cela pose un problème. Ne faudrait-il pas commencer par augmenter sensiblement le nombre de surveillants (qui pourrait, eux aussi, apporter un peu de soutient individualisé, notamment pour l'apprentissage de la lecture) ? Pour que les profs restent plus au collège, il faudrait par ailleurs leur aménager un bureau (un bureau est une table personalisée mis dans une pièce pour travailler - elle aussi appelée bureau. Il peut y avoir plusieur bureau par pièce...) - ou tout au moins s'assurer que chaque prof a sa salle, personnelle, avec un bureau et une armoire, un peu à la manière d'un instituteur qui a sa propre classe. Il faut aussi leur donner accès à des moyens de travail moderne, en équipant chaque prof d'un ordinateur, d'un projecteur, et d'une connexion internet. Outre le coup matériel d'un tel équipement, il faut prévoir un administrateur réseau - qui ne soit pas un simple prof de math bénévole - et qui soit à même de contrôler tout ça...
Passons au soutient scolaire, et aux bons jours d'Acadomia. Je suis d'accord avec Ségoléne que c'est un véritable scandale... Mais bon, elle ne regarde qu'une partie du problème. Les cours de soutient scolaire existent déjà. Prenez une classe banale, et proposez des cours basés sur le volontariat (cela se fait dans pas mal d'établissements - et est même prévu dans les programmes). Que constate t'on ? Qu'il n'y a quasiment pas de candidats pour ces cours, et quand il y a des élèves qui y assistent, ce sont rarement ceux qui en ont le plus besoin. Maintenant, convoquez les parents, et expliquez leur que leurs enfants auraient tout intérêt à assister à ces cours. Les parents vous diront : "vous comprenez, mon bon monsieur, on ne peut quand même pas le forcer...". Par contre, ce sont les même qui, 3/4 mois plus tard vont "se saigner" pour payer des cours beaucoup plus cher à Acadomia (parce que, c'est bien connu, un étudiant c'est beaucoup plus compétent qu'un prof (sic)).
Alors, non, Ségoléne n'a pas dit trop de C... dans sa vidéo, mais je ne suis pas sur que l'on soit prêt à se donner les moyens de faire évoluer le système, et surtout les mentalité des professeurs, des parents et des élèves (bref, de la société toute entière).
Ils en parlent aussi :
Commentaires
Il n'y a que moi qui ai compris que lorsqu'elle parle de soutien gratuit, elle veut dire gratuit pour les élèves, mais pas donnés bénévolement par les profs ? Je suis trop naïf ou je fais attention à bien tout comprendre avant de l'étriper ? La pauvre, elle s'en prend tellement plein la tronche en ce moment, avant même d'ouvrir la bouche que je lui y trouve de la sympathie...
"je ne ferais pas de commentaires sur le pacte à passer avec les syndicats. Ils sont quand même un frein à beaucoup de réformes intelligentes... Passons aux choses sérieuses..."
Plutôt ravis de te l'entendre dire, j'ajouterai qu'ils ne sont pas (plus?) représentatifs des populations qu'ils prétendent défendre !
Malheureusement, je ne peux pas voir cette vidéo étant en dircet de la bibliothèque de mon université, je ne voudrais pas déranger mes petits camarades... Et surtout ne pas déclencher de polémique !
Un des éléments important est la diffusion de ce bout de travail qui n'était pas destiné à l'être. C'est indigne ; même si c'est classique. Et on vote pour ces gens là.
Pour le fond, j'ai déja aperçu la réaction pas contente d'une prof (dans mes liens) et je pense que j'en verrais d'autres. Si j'y pense - en ce moment ... - j'établirais des liaison entre vos billets ...
Ah ben zut : l'auteur vient d'effacer le billet en question selon mon lecteur RSS ... Et, non : l'autre prof à laquelle je pensais ne dit rien sur ce sujet ...
Merci d'avoir écrit la-dessus !
Je suis en parti d'accord avec toi Tizel, j'irai même plus loin l'idée d'avoir des en permanence au collège est totalement normal et c'est du bon sens prof c'est quand même formidable on travail 35 heures comme tous le monde mais on n'est contrôlé que sur la moitié de ce temps!
On a touts connu des profs qui faisaient 0 préparation les contraindre a rester au collège leurs donnera sûrement des idées!
Et des profs en permanences au collège ça pourrai donner lieu a des clubs, des soutiens, des études...
Je pense qu'un prof et plus efficace qu'un surveillant, l'élève a un certain respect envers le prof qu'il n'a pas forcément envers le "pion".
Je suis moins sur que toi sur la provenance de cette vidéo, quel parent n'a jamais eu a se plaindre d'un profs? trop souvent absent, qui ne prépare pas ses cours... Cette vidéo pourrai venir d'un des proches de S.R. non?
Des réactions, il y en a beaucoup. Je suis ravi finalement que beaucoup de monde se retrouve dans mes propos. Je suis toujours un peu désolé quand je vois des profs monter sur leur grands chevaux quand j'exprime certaines de mes idées, alors que ce ne sont même pas eux qui sont visés par ces mesures, mais plutôt leur collégues j'enfoutistes (qui ne sont certes pas la majorité, mais que chacun a eu à subir au moins une fois dans sa scolarité)...
TizelSur l'origine de la vidéo: www.bigbangblog.net/artic...
Contrairement à ce qu'on entend parfois (et repris par Ségolène), ce n'est pas au collège qu'est l'enjeu principal du système éducatif.
La fracture éducative commence dès le primaire. Les retards pris au niveau du cours préparatoire ne se rattrapent jamais. Du fait d’un suivi trop limité, beaucoup de jeunes enfants, surtout parmi les plus défavorisés, décrochent du système. A l’arrivée, un enfant sur sept ne sait pas lire et ni écrire à l'entrée au collège.
C’est d’autant plus dommage que le primaire est une période où les efforts sont très payants. La forte plasticité du cerveau des jeunes enfants permet des miracles. De plus, les problèmes de discipline et de motivation sont beaucoup plus faibles que par la suite.
S’il y a donc bien un endroit où il faut concentrer les efforts budgétaires, c’est bien ici. Pourtant la dépense moyenne annuelle par élève du primaire est de 3830 euros contre 8120 euros pour ceux du secondaire. L’adolescence est un âge délicat. L’envie d’apprendre n’est pas toujours au rendez-vous. Parfois on se heurte à un mur. Mieux vaut alors faire plus de sport et moins de cours. Et libérer des enseignants pour le primaire. Ce rééquilibrage budgétaire fera bien sûr grincer quelques dents. Mais l’école primaire doit être la priorité des priorités.
Le rôle principal du secondaire devrait plutôt être d’apprendre aux élèves à apprendre. C’est déjà un objectif ambitieux en soi. Il est absurde de gaver les adolescents comme des oies sur la bataille de Marignan et la sexualité des fougères. Cela rentre par une oreille et sort par l’autre. Mais cette religion du par cœur encyclopédique est confortable pour les enseignants. Elle est pourtant d’aucun secours pour préparer les élèves aux défis futurs.
S’il y a une urgence pour le secondaire, ce n’est pas les moyens. C’est la mixité sociale. Eviter que tous les mauvais élèves se retrouvent concentrés dans des établissements poubelles. La carte scolaire est devenue un facteur aggravant d’inégalité. Elle accélère la constitution de ghettos immobiliers de riches et de pauvres.
Ainsi rien qu’à Paris intra-muros, la situation est symptomatique de cette segrégation insidieuse. Le taux de réussite au Bac en 2000 était de 75 % contre plus de 81 % pour la moyenne nationale. Cela peut sembler étonnant, alors que Paris a une concentration de cadres supérieurs deux fois plus importante que dans le reste du pays. Cela vient d’une extraordinaire disparité de situations. Les vingt meilleurs lycées de la capitale ont un taux de réussite supérieur à 95 %. A l’autre extrémité, on trouve une brochette de lycées à la dérive comme Turgot qui affichent des taux d’à peine 60 %. Parfois, les établissements stars et cancres ne sont distants que de quelques centaines de mètres.
Comment lutter contre cette dérive socio-géographique ? Par exemple en regroupant des établissements incluant des zones géographiques favorisées et défavorisées. Par une affectation globale des élèves, on pourrait assurer une meilleure mixité. Chaque année, les meilleurs élèves de chaque établissement seraient dispatchés pour rééquilibrer les classes.
La distance plus importante des élèves à leur lycée serait compensée par l’allègement des horaires (qui va avec celui des programmes). Mieux vaut passer une demi-heure dans les transports pour être dans une bonne classe, que d’être à 5 minutes de chez soi dans une classe exécrable.
Pour ce qui est de l'enseignement, je ne peux parler que de celui "dispensé" dans une des plus grosse fac de lettres de France : accablantabrantesque ! On peut se référer au rapport 2005 de la Cour des comptes qui donne une idée de ce que représente le "travail" des enseignants. Mais, bon je sais aussi que nombreux sont ceux qui s'investissent vraiment dans leur fonction.
Pour ce qui est de Royal, c'est un simple retour de bâton pour celle qui veut verrouiller tout ce qui mettrait à mal son image et je ne trouve que cette vidéo montre l'indigence de sa formation politique et ses lacunes en matière d'analyse sur la situation dans lequel se trouve le pays.
Je vous laisse deviner ce que cela peut donner au plan économique, européen et, pire, au niveau des enjeux internationaux :-))
Merci Philippe pour cette référence, riche en enseignements.
Jean Baptiste, je partage en partie ton opinion. Disons que le collége est le premier endroit où on a affaire à une mixité sociale (on y rassemble des écoles trés différentes). Le clash est souvent assez violent. Au niveau du lycée, ça va souvent mieux : le collége à filtré "les pires élèves".
Sheiro : on ne peut être bon partout... Pendant un temps, on a privilégié les relations internationales, sans forcément s'occuper énormément des gens. Les gens aiment quand même quand on s'occupe d'eux, surtout quand ils traversent certaines difficultées.
TizelContrairement à ce que beaucoup disent, Ségolène a des idées mais elles ne plaisent pas à tout le monde, ...je pense qu'elle aura le courage d'aller jusqu'au bout de ses convictions si on lui en donne la chance.
>Les gens aiment quand même quand on s'occupe d'eux
C'est là où le bas blesse, Tizel ! C'est parce que pour que l'Etat s'occupent des gens il faut que les gens s'occupent de l'Etat. L'Etat n'est pas une entité indépendante du peuple et si le peuple ne peut pas dégager de ressource la redistribution à la française ne se fait pas. Pour jouer le mariole le Chi à cru qu'il pouvait faire un bras d'honneur au leader économique mondial et miss Rice avait annoncé les conséquences : "nous pardonnerons à l'Allemagne, nous passerons l'éponge pour la Russie, nous ferons payer à la France". Je ne dis pas que si la croissance fr est à zéro, aujourd'hui, tout vient de là, mais une bonne part du recul de la France tient à son impossibilité de se maintenir sur les marchés mondiaux et si c'est si difficile c'est parce que la production fr ne suit plus, mais aussi parce qu'elle manque d'appuis lorsqu'il s'agit de convaincre. Croire qu'on va s'en sortir, nous tous seuls, sans rien demander à personne et une vaste fumisterie. Avec le non à l'UE, la voix de la France porte moins à Bruxelles tandis que l'Allemagne, partenaire historique de la France, se détache sans peine et commence à faire cavalier seul depuis que Merkel est à la tête de la coalition. Alors si de surcroît, les choses se passent mal sur le plan interieur rien de surprenant à ce que même l'Italie soit devant nous. Si après ça les Français veulent encore croire que les affaires internationales sont négligeables et que la solution viendra du nombre d'heures que les enseignants feront en plus où en moins, ou lorsque le problème du mariage des homosexuelle sera réglé, ou encore de la législation sur les vins AOC, etc.. moi je veux bien parce que d'une façon ou d'une autre, pour moi, les véritables problèmes ne font que commencer, alors autant se marrer encore un peu en discutant du sexe des anges, du port ostensible de la couronne d'aubépines, et, de tous ces problèmes vitaux pour l'avenir du pays....
Disons que les gens ont envoyé des signaux forts aux politiques... Le fiasco du 21 avril a débouché sur le fiasco du référendum européen. Aujourd'hui, les politiques remettent le couvent en critiquant la politique de la banque centrale européenne... Ce n'est pas nous qui n'allons pas bien, c'est l'europe qui nous poussent droit dans le mur. Voilà un raisonnement simpliste bien commode pour se défausser sur nos partenaires européen. Les pays qui nous entourent ne vont pas nous attendre si nous prenons du retard. Eureusement qu'ils nous font quand même bénéficier de la croissance globale de la zone euro, sinon, nous serions sans doute en recession... Mais bon, Chi, comme tu dit, va nous sortir de ce mauvais pas si il est réélu (vu qu'il semblerais qu'il soit à la maneouvre pour se représenter
)
Tizel
Tu as raison, Tizel, une nation moribonde se doit d'élire un président avec un pied dans la tombe et l'autre en prison