Le pape Benoit XVI a 80 ans. Difficile dans ces conditions d'être en phase avec son époque. Benoit XVI multiplie ainsi depuis quelques mois des décisions que l'ont peut qualifier d'extrêmement conservatrice, voire rétrograde. Ce n'est pas ainsi que la religion gagnera de nouvelles lettres de noblesse dans nos contrées.

Le pape Jean Paul II a eu des effets bénéfiques dans la première moitié de son pontificat, notamment sur la chute des dictatures communistes des pays de l'est et le rapprochement de la religion avec sa jeunesse. La seconde moitié de son pontificat fut beaucoup plus controversée, avec la condamnation des "meurs libertines" et son incapacité à tenir un discourt audible sur le drame du SIDA. Benoit XVI devait apporter un nouveau souffle... Mais les espoirs de renouveau n'ont pas fait long feu. On se retrouve avec un pape extrêmement traditionnel, jusqu'à la caricature. A croire que Benoit XVI n'a rien vécu depuis les années 30.

Benoit XVI n'a pas varié d'un iota sur les positions de son prédécesseur... Il continue de défendre les bonnes moeurs et de condamner l'avortement. Position hautement défendable. Mais malgré l'état de déclin de la religion catholique et la crise - sans doute irréversible - des vocations, Benoit XVI se refuse toujours à accepter le mariage des prêtres et de donner le droit à des femmes de célébrer une messe. Il peu dire qu'un rassemblement de fidèle ne vaut pas une messe, je lui demanderais alors d'assurer à chaque catholique d'avoir un prêtre accessible. Difficile - voire impossible - aujourd'hui en France d'avoir un prêtre célébrer pour un enterrement. Heureusement que des bénévoles prennent le relais pour assurer une cérémonie et un départ dans la dignité.

Pire, Benoit XVI revient sur les acquis de Vatican II. Il sera désormais possible aux prêtre de célébrer la messe en latin (le latin va d'ailleurs être plus profondément enseigné dans les séminaires), dos à l'assemblée. On se croirais revenu au bon vieux temps des messes décrites dans les films de Fernandel, l'humour en moins... Comment peut-on mettre encore plus de distance entre l'église et les fidèles à l'heure où les assemblées de fidèles se font de plus en plus vieillissantes ? On voudrais détourner les derniers fidèles, on ne ferait pas mieux. Un discourt n'est audible que dans la langue de l'auditeur, simple question de bon sens.

Le procès en béatification de Jean Paul II est mené au pas de charge. Est-ce là une sage décision. Certes, Jean Paul II était un grand pape, mais de là à en faire un saint... L'église qui, depuis quelques années, prend ses distances envers les miracles, commence à en trouver pour ce pape. Etait-ce vraiment le plus grand saint homme qui soit sur terre à cette époque ?

Pauvre Eglise, comme le dit si bien Olivier... Si cela ne revenait pas à souhaiter la mort de Benoit XVI, je dirais : "Vivement le prochain". Je suis catholique par tradition, mais je me reconnais de moins en moins dans l'église de Rome. Heureusement qu'en France, des curés de campagne - et des villes - oeuvrent sans relâche et en toute humilité - pour rattraper les bourdes du Saint Père...