Diminution des exigences = baisse de niveau
Par Tizel le dimanche 4 mai 2008, 15:13 -
Enseignement
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Quand notre système éducatif débloque
Une réunion, comme tant d'autres, dans un lycée français. Des représentants du rectorat sont venus pour remonter les bretelles des profs. Leur lycée présente des statistiques inférieures à la moyenne nationale. Les inspecteurs ne s'en cachent même pas et affichent clairement leur position : il faut que les profs diminuent leur niveau d'exigence pour améliorer les résultats du lycée. Il ne faut plus évaluer uniquement les élèves sur leurs savoir, mais aussi sur leurs compétences, comme si les deux n'allaient pas de paire. De toute façon, à quoi bon exiger quelque chose des élèves quand on sait qu'une grande partie des bachelier français obtiendront encore une fois leur bac cette année, sans rien faire. Car les jurys de bac sont comme ça. Aux rattrapages, les jurys ont clairement pour consigne d'améliorer les résultats de l'année précédente, en allant repêcher des élèves qui n'ont parfois pas le niveau brevet d'il y a vingt ans... Le bac au rabais. A quoi bon ? Pour quel résultat pour notre société ?
Les statistiques à courte vue sont une plaie. On évalue de plus en plus les managers sur leurs résultats immédiats, peu importe les dégâts qu'ils font sur le long terme. En matière d'éducation comme de politique d'entreprise. Un proviseur qui améliore le taux de réussite des élèves sera promu. Peu importe si leur niveau à la sortie est catastrophique.
Exemple de statistique "à la con" : un lycée peut avoir 85% de réussite au bac avec une moyenne de 11 et un autre 82% de réussite au bac, avec une moyenne de 11,5. Quel est le meilleur ? Moi, je dirais que c'est le second car les étudiants qui ont une moyenne plus élevée dans ce second lycée seront mieux armés pour réussir par la suite. Les élèves du premier lycée risque de se retrouver en échec par la suite. Mais ce résultat, au delà du bac, n'est pas pris en compte.
Autre exemple. Les prépa ont des taux d'échec important. En prépa, ne réussissent que ceux qui intègrent une école. Un élève qui, délibérément, décide de ne pas passer les concours car il se destine par la suite à un cursus universitaire compte comme un échec pour la prépa, peu importe si le bagage et les méthodes de travail qu'il a acquis lui permettront de briller à l'université et d'obtenir par la suite un poste à la hauteur de ses capacité. Par contre, pour la fac, qui n'aura peut être pas apporté autant à l'élève, c'est une franche réussite.
Arrêtons d'évaluer les choses sur le court terme, et évaluons les établissement non sur leur taux de réussite au brevet, au bac et aux différents examens, mais sur le devenir effectif de leurs élèves. Devenir professionnel et personnel car il vaux mieux former un mécanicien heureux qu'un bachelier dans le supérieur, en échec, et qui s'est trompé de filière...
Commentaires
Comme tu le constates, Tizel, il y a un sérieux problème avec l'enseignement dans ce pays et parce que les exigences, quant aux savoirs, sont de moins contraignantes, le niveau culturel global ne cesse de baisser. Avec pour corollaire une régression dans tous les domaines, sur le plan économique mais aussi scientifique, médical, artistique, etc... On commence à peine à en www.nouveau-reac.org/docs... mesurer les conséquences. Et ça ne semble pas être la fin du processus, car cette année encore, les lycéens ont passé pas mal de temps dans les rues, et, tout le 1er semestre, les fac ont été bloquées. L'avenir, pour certains étudiants actuels , ne sera pas facile.
Intéressant texte que tu propose là mon cher Sheiro. J'en ai également des tonnes du même style, qui font froid dans le dos.
Où va notre système scolaire ? Et avec lui, où va notre société ?
Tizel
Ce que tu dis est très juste concernant les lycées, et c'est à mon avis l'une des conséquences visibles de notre choix de société actuel : évaluer (peu importe vraiment comment) vite sur le court terme, être rentable vite, ne pas regarder les conséquences si le gain immédiat en vaut la chandelle.
Ca se voit également dans la recherche avec ce que l'on commence a appeler les "postes ciblés" vers une thématique particulière fixée par je-ne-sais-quel-gugus. de plus en plus on évalue sur le sensationnel, sur le vendeur, sur le vite-rentable.
Ce sont toutes les évaluations, à tout niveau, qui sont assez mal faites et un brin perverties par le profit rapide.
Je suis pitêtre parano, mais ne serait-ce pas là une tactique à long terme, justement, de nos politiciens? Former des "crétins" (les guillemets !!!) est bon pour eux puisqu'il leur est plus facile de leur faire gober ce qu'ils veulent : ainsi les jeunes privilégiés qui sortiront avec des bagages d'écoles supérieures privées auront le dessus sur les règles de la société et s'imposeront dans le succès qui leur est déstiné A contrario, le "crétin" se fera manipuler car sans bagage. A long terme, une seul classe de la population mènera notre France par le bout du nez : je constate qu'aujourd'hui, un jeune de 20 ans est tellement cultivé qu'il ne sait pas qui est l'Abbé Pierre ! Moi ça m'inquiète !
Ferret Touch : ce que je dis là est vrai dans pas mal de domaine. En matière d'éducation, mais aussi de recherche, de gestion d'entreprise, de gestion de projet... Le turn over est si rapide que quand on constate les dégats, le responsable n'est plus là...
Homer, tu as raison, les "crétins" sont fortement manipulables. Par le pouvoir en place, mais aussi par les contre pouvoirs. Des "crétins" sans capacité d'analyse peuvent alors manifester contre des réformes inéluctables qui amélioreraient leur conditions...
Tizel
>où va notre société ?
Difficile à prévoir mon cher Tizel, même les prophètes à cause de la qualité de l'enseignement sont moins bons que ceux d'hier ;-)
Bonne semaine !