Décidément, certains vont me dire que je m'acharne contre sa sainteté ces jours ci. Mais il faut quand même avouer qu'il fait tout pour se faire taper dessus. Lui qui souhaite rassembler l'église, s'il voulait la diviser, il ne s'y prendrait pas autrement. En quelques jours, il a rouvert toutes les boites de pandore qui se trouvent au Vatican. Il a voulu tout d'abord réintégrer les prêtres extrémistes de la fraternité Saint Pie X, qui comptent parmi eux un prêtre négationniste : Monseigneur Williamson. Il n'a ensuite pas bougé le moindre petit doigts quand un de ses cardinaux a excommunié la mère et les médecins d'une petite fille de 9 ans, enceinte de jumeaux suite à des viols répétés, qu'on venait de faire avorter suite aux danger évidents que cette grossesse faisait peser sur la vie de cette jeune fille.

Hier, dans un avion qui le menait en Afrique, le Pape a déclaré que l'on ne pouvait "pas régler le problème du sida (...) avec la distribution de préservatifs" et que, "au contraire, (leur) utilisation aggrave le problème". Alors, certes, il a raison, le préservatif ne résout rien, mais on ne peut pas dire que cela aggrave le problème. D'un point de vue religieux, il a sans doute raison, mais d'un point de vue sanitaire, il est complètement à côté de la plaque. Surtout quand il va visiter un pays où une large partie de la population souffre de cette maladie. Benoit XVI a d'ailleurs critiqué l'utilisation du préservatif, sans pour autant apporter la moindre solution au problème...

Le préservatif n'est sans doute pas la solution idéale. La fidélité devrait être une valeur plus importante dans nos sociétés, mais aujourd'hui, rare sont ceux qui n'expérimentent pas la sexualité avant le mariage. Nos contemporains ne vivent pas - malheureusement et heureusement - au pays des bisounours, ou tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, et où tout le monde est fidèle.

Pire, dire cela revient aussi à stigmatiser ceux qui utilisent le préservatif. Rappelons tout de même que le SIDA ne s'attrape pas uniquement par voix sexuelles. Nombreux sont ceux qui peuvent avoir attrapé la maladie suite à des viols ou des transfusions. Ces derniers, fidèles à leur partenaires, doivent-ils eux aussi enlever la capote ? Stigmatiser les victimes n'est pas le meilleur moyen de faire de la pédagogique.

Sur le fond, chacun peu comprendre le point de vue d'un vieil homme idéaliste. Mais quand le discours de cette homme à une telle portée, au XXIième siècle, il devient impardonnable et inaudible. La phrase qu'il a prononcé est sans doute un raccourcit un peu trop rapide de sa pensée profonde, mais c'est un homme cultivé qui ne pouvait ignorer - du moins s'il a encore toute ses facultés pour comprendre le monde qui l'entoure - les retombées médiatiques qu'elle allait provoquer.

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