Avant de débuter ce billet, je souhaite préciser que je ne suis pas un défenseur du téléchargement illégal. Télécharger de la musique ou des films, sans apporter une juste rémunération aux artistes et maisons de disque qui croient en eux, n'est assurément pas une bonne chose. Cependant, depuis des années, les maisons de disque se défendent avec des outils d'un autre temps, adoptent des formes de protectionnisme (DRM, zonage des DVD) et de communication (propagande ?) digne d'un régime soviétique.

Dernière étude en date : le coût social du téléchargement illégal. Selon les cabinets de conseil Tera Consultants et Equancy, le téléchargement illégal aurait couté 1,3 milliard d'euros en 2007, et aurait détruit 5700 emplois. Pour conclure à ses chiffres, le cabinet considère que, s'ils n'avaient pas la possibilité de télécharger la musique, un "pirate" aurait acheté un CD pour 10 CD téléchargés illégalement. Multiplié par le nombre de morceaux téléchargé, vous arrivez rapidement aux chiffres annoncés.

Sauf que l'équation n'est pas complète... Déjà, je m méfie des coefficient multiplicateurs. Les choses ne marchent souvent pas comme cela. Prenez le groupe Vivendi Universal. Ce groupe est une énorme major du multimédia. Ils doivent perdre énormément d'argent à cause du téléchargement illégal. Mais c'est aussi un groupe qui possède des parts importantes dans SFR. A ce titre, nombre d'abonnés SFR leur verse une patente pour utiliser leur réseau. Les emplois perdus dans le secteur musical sont sans nul doute largement compensées par les emplois créés ces dernières années dans le secteur des télécommunications.

Un ménage qui gagne une somme X n'a pas un budget extensible. S'ils dépensent plus en télécommunications, ils dépensent moins en multimédia, et inversement. On ne peut saigner le cochon plusieurs fois... Mettre face au téléchargement illégal un certain nombre d'emplois perdus n'a donc aucun sens. La manne financière "économisée" est partie dans une autre industrie, qui est à son tour génératrice d'emplois. Les majors devraient donc plus essayer de trouver des accords avec cette industrie afin de récupérer une partie de leur manque à gagner plutôt que de tirer à boulet rouge sur des consommateurs qui n'ont pas tous les moyens de payer à la fois CD, DVD et abonnements de télécommunications.