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L'aménagement du territoire n'est pas chose facile. Comment en effet préserver les intérêts de chaque territoire, en préservant ses spécificités, en les faisant évoluer pour satisfaire aux exigences d'un monde moderne, tout en assurant le développement global du pays ? Comment satisfaire aux exigences de concentration - souvent autour de Paris - de nombreuses activités, tout en assurant une bonne qualité de vie aux populations ainsi déplacées, et sans vider de leurs substances les zones de provenance de ces mêmes activités ? Voilà un peu la troncature du cercle sur laquelle il faut se pencher.

Depuis des années, les gouvernements prônent la décentralisation, tout en continuant à concentrer de plus en plus les activités au niveau de la capitale. A l'heure où les technologies de l'information et de la communication devraient permettre une décentralisation du travail, les choses continuent d'être concentrées autour de la capitale. A l'heure où les transports mettent des villes comme Amiens, Arras, Lille, Rouen, Reims, Poitiers, Rennes, à quelques heures de Paris, les lieux de pouvoir restent concentrés dans la capitale. Est-ce encore une absolue nécessitée que tous les ministères soient situés à Paris ?

Si je fais le tour de mes connaissances qui ont fait leurs études avec moi, en Province, bon nombre travaillent aujourd'hui sur Paris et en proche banlieue. Bon nombre d'entre eux ne seraient sans doute pas contre aller travailler en province, mais ils manquent d'opportunités. Ainsi, chaque année, Paris attire de la main d'œuvre qualifiée, vidant de sa substance grise bon nombre de régions. Visitez l'Auvergne, le Cantal, le Jura, les Voges, la Lorraine... et vous comprendrez. Pire, même dans les régions, la tendance est à la concentration des emplois dans les capitales régionales. Après les succursales des banques de France, se sont les tribunaux d'Instance et de commerce qui sont peu à peu supprimés. Certaines sous préfectures sont dors et déjà menacées. La transhumance des banlieusards vers Paris se retrouve aussi en province, avec des déplacement de plus en plus fréquent entre les petites villes et les plus grandes. Les plus âgés finissent leur carrière ainsi. Les plus jeunes iront s'installer directement dans les grandes villes, provocant du même coup le vieillissement des populations des villes plus petites. Les campagnes proches des grandes villes se développent, celles plus éloignées se meurent. Elles se meurent d'autant plus vite que, faute de main d'œuvre qualifiée, aucune nouvelle industrie vient s'y installer. Peu d'entreprises innovantes y sont créées et elles générent beaucoup moins d'emploi

Comment éviter une telle concentration ? Difficile à dire. Mais la pénurie de logement dans la capitale se fait pesante. La concentration des personnes dans les grandes villes conduit à une flambée des prix de l'immobilier que même la crise n'a pas vraiment régulée. Quel salaire un jeune couple doit-il gagner aujourd'hui à Paris pour s'acheter un appartement ? Quel salaire un jeune couple doit-il gagner aujourd'hui dans certaines villes pour s'acheter un modeste maison ? Un jeune cadre - mot qui autrefois désignait également un statut - gagne souvent à peine assez pour acheter une maison que l'on vendait autrefois à des ouvriers. Quand aux ouvriers, ceux ci sont condamnés à se loger de plus en plus loin de leur travail, dépensant une partie de plus en plus importante de leur salaire dans les transports.